DU SITE DE TCHERNOBYL AUX CHUTES D’IGUAÇU POUR ATTEINDRE CERRO PARANAL DANS LE DÉSERT CHILIEN, ANGELIKA MARKUL INVITE À UN VOYAGE INITIATIQUE EN « TERRE DE DÉPART ». COMME L’INDIQUE L’ÉCRIVAINE JEANNE TRUONG, LE TRAVAIL DE L’ARTISTE CHANGE D’ÉCHELLE, PASSANT D’UNE INTERROGATION INTIME. SUR LES ORIGINES À UNE MÉDITATION SUR LES MENACES QUE L’HUMANITÉ FAIT PESER SUR LA NATURE, 

ET DONC SUR ELLE-MÊME 

Le nomade aurait besoin du mouvement de la lenteur pour vivre car la lenteur est le véritable humus de la vie.

Il y a une vitesse favorable à la vie, une vitesse de la joie, une vitesse adaptée à l’existence humaine. Nous nous sommes trop enorgueillis d’avoir été des bipèdes qui courent, pendant que les arbres demeuraient immobiles.

Notre monde meurt de ne pas avoir cherché cette vitesse qui est la notre.

Passée cette vitesse, l’homme perd la tête. Les machines s’emballent, la terre se dissout. Passée cette vitesse, tout se défait dans un désert.

Au-delà de cette vitesse, on avance vers la mort et la destruction. On ne trouve même plus une seule fleur…                                                                             

Les centrifugeuses de l’histoire ne conservent pas les subtilités ni les délicatesses. Elles n’ont que faire de la précarité et des splendeurs du règne animal.

 

En une décennie, Angelika Markul opère un changement remarquable dans son œuvre. A ses débuts, de nombreuses pièces emblématiques telles que « chambre au mois », « la chambre rouge », « les écorchés », « le mégalith » interrogent l’espace intime de l’artiste, tournent autour du mythe des origines et de la naissance, de celui de la formation de l’individu et de ses difficultés parfois monstrueuses à s’affirmer. Ainsi, dans ces premières œuvres, les figures encore indécises, engluées, suintant d’une sourde énergie relèvent de l’animal et de l’être humain, en ce qu’ils ont de commun. De cette nature honteuse que notre inconscient refoule, l’artiste nous révèle, derrière les cavités sombres et les obscurités, leurs secrets et leur envers organique, parfois pathologique.

L’artiste est le miroir de son temps, l’artiste universel, le second artiste, le professionnel, celui qui a pris le dessus sur l’artiste amateur, spontané, naturel, celui qui endosse son rôle, sa contribution, sa mission sociale et humaine –n’ayons pas peur d’un terme aussi romantique, ne soyons d’aucun fétichisme ni catéchisme-, l’artiste tardif, celui qui a conservé son miroir intact et pur, celui qui s’est soumis à son art. Celui qui a dit oui, après avoir dit non. Cet artiste suit les contours et les modifications de sa société. Pour cela, s’est-il constamment nettoyé, s’est-il redressé au-delà de son ego, afin que son regard, ses expériences et ses œuvres reflètent le monde dans sa réalité et son ampleur.

A ce titre, on peut dire qu’Angelika Markul est un témoin des modifications de notre modernité, à l’image de la gigantesque lunette astronomique de sa vidéo « 400 milliards de planètes ». Les ravages qui s’opèrent dans notre environnement, sous la pression accélérée d’un capitalisme agressif, transforment aussi la conscience de l’artiste. Puisqu’on peut voir que son intérêt est passé des matières organiques, chaudes du ventre maternel, replis d’une histoire privée, aux matières froides des machines, aux images minimalistes de ses dernières vidéos, à l’invasion du blanc, de plus en plus prégnant dans son travail.

La question n’est plus celle de l’origine de la procréation, c’est celle du mythe de la fin du monde, à une échelle non plus individuelle ni personnelle, mais, cosmique et universelle. Le temps regardé est maintenant à l’échelle de la destinée humaine. Plus intéressant, il est à l’échelle du cosmos. L’artiste se place dans un futur déjà accompli, observant l’archéologie post apocalyptique de la destinée de l’homme. Elle montre la fin du règne animal, dans un ordre métaphysique, où les questions éternelles reviennent : « Y a-t-il quelqu’un  qui puisse nous sauver ? », « Où va l’univers ? », « Existe-t-il un dieu  dans ce silence sidéral, où le souffle de la machine se confond avec celui des étoiles ? ». Ces questions rejoignent de manière souterraine et poignante, l’appel primitif de tout artiste, le signal qu’il envoie à ses congénères, chaque fois qu’il accomplit une œuvre.

On est bien passé au temps de l’odyssée, du voyage interplanétaire, du voyage au milieu des galaxies, d’un voyage long, au-delà même de la dimension humaine, dans sa vérité la plus nue. Car, ce qui reste constant dans l’imaginaire de l’artiste, depuis ses débuts, c’est toujours l’obsession de la mort, de la destruction, celle de la séparation inévitable.

 

Bienvenue à Fukushima  Bienvenue à Fukushima  Bienvenue à Fuku… Bienvenue à Fuku… Bien… à Fukushima… Bien à Fukushima….

« Welcome » juxtapose ironiquement deux vidéos sur Fukushima. Les images noir et blanc défilent en accéléré de part et d’autre du double montage. Fond lancinant du son en boucle d’un train en marche, ponctué d’une petite ritournelle foraine, de voix éparses de voyageurs, du cahotement des wagons, de l’annonce en japonais et en anglais, langue internationale du tourisme : « Lady and gentlemen, we will soon reach Omia. The stop after Omia will be Fukushima ! ». D’un côté, le défilé en accéléré des maisons et des immeubles à taille plus ou moins humaine, de l’autre, le défilé de plus en plus rapide des destructions, causées par la catastrophe nucléaire de Fukushima, jusqu’à la nausée. D’un côté, bien qu’accéléré, le calme vide et paisible de la ville en temps normal, de l’autre, la vitesse folle des images de destructions, le désert humain, à la limite du supportable.

Voix standard, voix entêtante, visite de la ville radioactive. Tourisme apocalyptique ! Culture de masse ! La destruction se visite. Pas de différence entre la vie et la mort… L’ère du divertissement sonne le glas du sacré au profit du sucré, avec la petite musique foraine, enfantine, presque sentimentale. Disney est une culture. Disney est une parade rose. Disney est une mentalité. Disney est en deça de la civilisation. Tout se transforme en numéro de foire. La mort est un monument en carton pâte ! Trouvaille de la modernité commerciale ! Faire de l’argent sur le dos des morts ! Exploitation outre-tombe, extraire encore de la force de travail des morts ! Rentabilité post mortem des victimes. Les curiosités morbides ont soif de champs de bataille, de zones sinistrées, de relents abstraits, avec le refrain des chausses et attrapes. Les cadavres ont des figures de Mickey.

On ne peut s’empêcher de penser au train de l’histoire moderne. L’avancée du progrès de plus en plus rapide. La ligne droite, cette création absurde des scientifiques. Si… on… ralentissait… ralentissait… on verrait une petite ville de taille humaine, l’atmosphère provinciale, presque villageoise, un temps désuet, silencieux. Il ferait bon vivre à Fukushima, en villégiature. Ce n’est pas une de ces mégalopoles japonaises ni la frénésie de Tokyo. C’est une toute petite ville qui défile devant nous, à laquelle on pourrait facilement s’attacher. C’est là que l’ironie de l’histoire a voulu faire sa farce. On aurait pu laisser vivre tranquillement les habitants de Fukushima. Mais, la science la plus moderne, la plus technologique, a choisi cette petite agglomération. Ce paradoxe n’est pas le seul en Asie. Il y a eu la Russie et ses paysans, devenus, du jour au lendemain, des ouvriers de la lutte de libération du peuple contre la dictature capitaliste. L’accélération de l’histoire a été volontariste. L’air industriel de la mort était aussi passé en Chine. Tous ces endroits ensommeillés et encore assoupis, secoués brutalement par l’accélération du progrès, de la science, de l’histoire…

         1942, Bambi est mort. L’Allemagne envahit la Russie.
         Bambi est mort dans une nature heureuse, paisible, belle.
Une nature qui célèbre la vie. En Europe, l’écho des bombes…

         Attention, Bambi ! Attention ! Attention ! On s’approche !
Bambi s’effondre ! Les bottes et le fusil l’ont tué…

« Bambi à Tchernobyl », titre provocateur, contraction de l’histoire, mettant à mal la supposée séparation du bloc soviétique et du bloc américain. Nous voyons aujourd’hui comme Angelika Markul que cette division n’a jamais été. D’une certaine manière, nous sommes sortis de la guerre froide, entrons dans un monde inquiétant, un monde hérité d’expérimentations monstrueuses d’une guerre dont il reste l’adjectif glacial, nous sommes entrés dans un monde froid. Du point de vue des destructions, l’ère industrielle imprime son accélération autant là-bas, qu’ici. Titre sucré-amer, mélange d’horreur et de naïveté, dénonçant les apprentis sorciers que sont certains scientifiques qui déterminent la destinée des hommes, à l’Est comme à l’Ouest.

Rappelons-nous comment la catastrophe est arrivée à Tchernobyl. Une erreur humaine. Contre l’avis des techniciens et des ouvriers de la centrale, le chef de l’usine a ordonné de mettre en marche un générateur obsolescent, à seule fin de promouvoir sa carrière personnelle.

Pour l’exposition au Palais de Tokyo, récompense du prix Samart, remporté en 2013, Angelika Markul propose, sous ce titre dissonant, une installation qui débute le parcours de son exposition ‘Terre de départ’. Dans un white cube parfait, on tombe sur une construction d’immeuble. Dans une des fenêtres de cette ébauche se déroule une vidéo. On découvre au sol, des morceaux d’un manège d’enfants, les vestiges d’une vieille roue foraine, une boîte avec une fleur, souvenir d’un monde disparu, celui de Tchernobyl.

 

Explosion ! Un frétillement de lumière blanche !                                                      La musique démarre. Une musique inspirée du début du siècle dernier, de la symphonie de Franck Krawcsyk, celle de Bambi, sous le nom « les fragments du danger ».

Frétillement… le nuage a fait fondre toutes les couleurs. On a d’abord vu un nuage multicolore. Les yeux émerveillées par un arc-en-ciel scintillant, avant la contraction, avant la disparition, avant la mort… Frétillement….

Frétillement… les appareils électroniques se sont arrêtés, les pellicules mangées par le blanc dans l’image… frétillement…

Frétillement… les héros, sacrifiés pour sauver l’Europe. Ils n’ont pas dit adieu à leur famille… Frétillement…

Frétillement… la neige a recouvert Tchernobyl… inodore… silencieuse… Les vrais habitants de Tchernobyl, ce sont les machines qui hurlent. Elles sifflent… Elles répondent aux vents invisibles de la radioactivité. L’homme ne sent pas les radiations… les machines si….Frétillement…

Frétillement… Tchernobyl est Stalker… la zone… les mutants… Frétillement…

Commencer par ce frétillement blanc est évidemment plein de sens et de symbolique, une accélération mimétique de ce qui s’est non seulement produit à Tchernobyl, mais aussi au cours de l’histoire moderne, à celle des sciences, entrainée par la découverte de l’énergie atomique, à celle des protons et des électrons. Image blanc de la vidéo prise dans le blanc de la pièce, jusqu’à ne plus former qu’une seule impression de blancheur pour le spectateur. On ne peut s’empêcher de rappeler les magnifiques passages de Melville sur la blancheur, celle de la baleine Moby Dick.

« …Cependant, cette accumulation de tout ce qui est doux, honorable ou sublime n’empêche pas une sorte de peur mystérieuse, cachée dans l’idée qu’on se fait de cette couleur, quelque chose qui, bien plus que le rouge effrayant du sang, saisit l’âme d’une terreur panique ».

Qu’est-allée chercher Angelika Markul à Tchernobyl ? N’est-ce pas la baleine blanche, ce même symbole qui hantait le capitaine Achab ? Ce, au péril de sa vie ? Car, Tchernobyl reste dangereux, en témoigne cet épisode de la ville qui s’effondre, le jour où après une longue attente, l’artiste décide miraculeusement de quitter les lieux. A quelques heures près, cette quête de l’image aurait pu lui être fatale, comme l’expédition de la chasse à la baleine le fut pour Achab. La vidéo « Bambi à Tchernobyl » est le fruit d’une véritable expédition, elle a sollicité une logistique drastique, avec des camions, des militaires, un encadrement rigoureux, des préparatifs longs. L’analogie ne s’arrête pas là entre les deux protagonistes. Car, que trouve-t-on dans ce paysage hivernal, post apocalyptique, cette nature après intervention humaine, ce visage de la destruction ? On y trouve la neige, la blancheur, encore et encore. Angelika Markul n’est-elle pas, elle aussi, à la poursuite d’un fantôme, traquant sa propre mort ? Pour le prouver et pour notre plaisir, écoutons ce morceau de Melville.

« Est-ce à cause de sa qualité indéfinissable qui fait sortir de l’ombre les immensités sans vie de l’univers…quand nous regardons les blanches profondeurs de la voie lactée ? Est-ce parce que le blanc est moins une couleur qu’une absence de couleur… ? Est-ce cela qui donne son sens au vide muet d’un vaste paysage de neige ? Cette chose sans couleur ou coloré par l’absence de Dieu qui nous fait reculer d’effroi ? … comme le voyageur têtu qui refuse de mettre des lunettes noires sur les glaciers de Laponie, si pauvres misérables que nous sommes, nous nous obstinons à regarder à l’oeil nu le gigantesque suaire blanc qui enveloppe toute chose, nous sommes irrémédiablement aveuglés ».

Cependant, les temps ont changé. Si l’héroïsme tragique et absurde de Achab est devenue une épopée sublime, sous la plume géniale du grand romancier, qui en retrace l’histoire fantastique, à travers la logique psychologique, intérieure, tragique, la vidéo de Angelika Markul, elle, est d’une impitoyable sobriété et, d’une certaine manière, pauvreté. Le temps de l’épopée est révolu. Il n’y a plus que des héros anonymes, disparus dans le feu nucléaire, des numéros qui n’ont pas de nom. Aucun, fameux comme Achab ou Queequeq ou le Péquot. Il ne reste, de ce voyage à travers la désolation que le nom du lieu, Tchernobyl. Et, on aurait du mal à voir Bambi courir sur ces terres gelées. Tout animal, tout homme qui y gambaderait s’exposerait à la mort fatale, aux bottes et au fusil, symboles prémonitoires d’un génocide sans nom, d’une mort industrielle, plus froide qu’elle n’a jamais été. Une mort indétectable. Bambi annonçait, à ce titre, l’hécatombe massive qui allait arriver. C’était déjà le temps de l’industrie. Ce temps qui éliminera les animaux de la même manière qu’il élimine l’être humain. L’assassin n’aura pas de visage. La victime, pas de nom.

Ainsi, de toute cette intense expérience, il reste le défilement des arbres dans la neige, quelques maisons, des immeubles, une roue pour enfants. Si ce n’est la musique tragique qui donne un semblant de narration et de tragédie, nous serions dans une banale vidéo où l’on verrait défiler un paysage connu. Mais, le frétillement, une certaine vibration, donnée par la vitesse des images, indiquent que nous sommes dans un endroit exceptionnel. Les arbres calcinés, leur textures noires, malgré la persistance des feuilles, le silence, l’absence de vie animale, le mouvement circulaire de la caméra, contre le carré des immeubles, la ronde en écho à la roue, tout cela nous plonge dans une attente dramatique. Une certaine présence se dégage bien du film de l’artiste. La récompense vient lorsque le titre arrive. Ce silence, cette sobriété deviennent alors poignants. Ils fonctionnent en eux-mêmes comme un frétillement blanc, retenant toutes les histoires dans une absence virtuelle, aussi féconde qu’une narration épique. Ce qui ne s’est pas montré nous émeut de manière aiguisée et subtile. Nous soupirons, en songeant que le mouvement de la vidéo est aussi celui du cycle de la vie, celui d’un karma, celle de la roue inéluctable.

L’absence de vie animale pose bien entendu la question de la disparition de notre espèce, de celle de l’homme. Ne demeure que l’éternité des arbres et des pierres. Le temps de l’animal aura été court. L’histoire de l’homme aura été celle de son suicide. L’homme aura été le minuscule, l’insignifiant, le déshérité, l’éphémère, le voyageur qui tourne court. Et, la pièce « Terre de départ » auquel l’exposition emprunte son titre, appuie encore sur la différence d’échelle temporelle entre l’homme et l’univers. C’est une vidéo dans laquelle, l’artiste montre simplement une image de la constellation étoilée, vibrant d’une lumière sourde et persistante. De temps en temps une étoile filante. On y sent une agitation perpétuelle et subtile, une présence constante. Le souffle des machines donne le souffle à l’univers. On est pénétré du mystère de la vie. L’homme dans ce cosmos n’est qu’une fraction de seconde, mais quelle valeur, cependant, comme le suggère l’artiste lorsqu’elle associe cette image de l’univers avec les voix des mourants, leur dernier appel au secours, retrouvés dans les boîtes noires des avions accidentés. Leur effroi, leur cri sont des témoignages tragiques de l’odyssée humaine. Comment ne pas avoir de compassion en les entendant dans l’immensité de l’univers ?

La science, elle-même, a depuis longtemps changé d’échelle. Ce n’est plus avec les sens humains qu’elle travaille. Elle le fait avec des instruments qui sont d’un ordre supra humain. Comme en témoigne la dernière vidéo « 400 milliards de planètes » du parcours de l’exposition. En effet, l’œil qui observe les étoiles n’est pas celui de l’homme. Il est immense. C’est un miroir gigantesque, une lunette astronomique qui se trouve au Chili. Il est financé par la communauté mondiale. Son poids, sa fragilité, ses dimensions obligent un maniement des plus précautionneux et des plus lents. L’homme regarde avec la machine. Il observe ce qui le dépasse. Y a-t-il une similitude dans le monde de l’art ? L’artiste est-il l’interprète de la technologie ? En tous les cas, l’artiste comme cet œil est un miroir pour ses contemporains et pour les gens à venir. Il est cet œil qui se pose sur les mutations de notre monde. Comme cet œil technologique, il est sensible. Bien qu’artisanal, il est tout aussi fragile, a besoin de conditions précises pour subsister, réfléchir un univers au-delà du visible.

Jeanne Truong est écrivain, scénariste, commissaire d’exposition et critique d’art. Elle a favorisé  de nombreux échanges artistiques et culturels avec l’Asie. Elle a publié La Nuit promenée (Gallimard, 2005), Bikhir, enfants du Maroc (Marval, 2006) et Fragments du métropolitain (Beauchesne, 2010)